Les maisons de disques vont-elles couler Spotify ?

À L’heure Où Le Géant Suédois De La Musique Est Sur Le Point De Dépasser Les 500 Millions D’utilisateurs, C’est Une Drôle De Question… Elle Est Moins Étonnante Quand On Sait Que Spotify A Terminé 2022 Dans Le Rouge – Et Pas Qu’un Peu : 430 MILLIONS De Dollars De Dette.

La somme est pharaonique ! Et le problème, c’est que depuis son lancement, eh bien… c’est toujours la même chose.

Spotify A Beau Engranger Les Abonnés Et Écraser Le Marché… Il Perd De L’argent

Paradoxe de la situation : c’est grâce à l’incroyable croissance de Spotify et des autres plateformes de musique en ligne que les maisons de disques ont sauvé leur business.

26 milliards de revenus en 2021 : c’est du jamais vu. Même à l’époque du CD, où l’industrie du disque se gavait, l’argent n’avait jamais autant coulé à flot !

Mais Pourquoi Spotify N’en Profite Pas ?

Eh bien parce qu’elles se sont faites avoir, les plateformes ! Spotify, Apple Music,  Deezer… : elles ont toutes signé le même deal. Elles doivent donner aux maisons de disques 70% de tout ce qu’elles gagnent grâce à la musique. Donc même si leurs revenus augmentent, rien ne change, il y a toujours 70% du pactole qui file dans d’autres poches.

Dans ce système, faire des bénéfices, c’est mission impossible.

Une répartition qui remonte au lancement de ces plateformes, quand les maisons de disques avaient pu imposer leurs conditions…

Alors pas de panique : à Wall Street, Spotify vaut plus de 30 milliards de dollars. Mais à force de perdre des centaines de millions de dollars, l’entreprise suédoise peut se retrouver en difficultés…

Et par effet de dominos, si Spotify venait à avoir des problèmes, c’est toute l’industrie de la musique qui serait dans le dur

Alors pour éviter ça, des gens raisonnables se diraient “trouvons un compromis”, “faisons en sorte que nos affaires respectives soient profitables et durables”… Eh bien non. Les maisons de disques sont au diapason de notre époque : tout de suite et maintenant…

Elles tentent d’en faire autant avec la plateforme préférée de la génération Z : TikTok, application chinoise avec un milliard d’utilisateurs, repère des 13/24 ans et réseau social de toutes les tendances.

L’industrie Du Disque Et TikTok Se Mènent En Ce Moment Une Féroce Bataille

D’un côté, les producteurs : ils aimeraient bien que TikTok partage ses 12 milliards de dollars de revenus.

Et de l’autre TikTok qui veut garder la main sur son butin : pas question de se retrouver prise dans le piège de Spotify. Elle cherche donc un moyen de garder son indépendance.

Dans ces cas-là, il faut montrer qui est le plus balèze… TikTok a donc lancé un test en Australie : les créateurs n’ont plus le droit d’utiliser qu’un nombre restreint de chansons, et certains morceaux sont même totalement interdits…

La tactique est simple : TikTok veut prouver que son succès ne repose pas que sur la musique, et donc qu’il n’y a aucune raison de revoir le contrat actuel…

Autre argument : TikTok sait qu’elle est devenue incontournable pour l’industrie du disque…

Un exemple : David Guetta enregistre il y a quelques années une reprise de “Blue”, un énorme tube dance de 1998,  reprise que le DJ français ne sort jamais. En août dernier, il met un extrait sur TikTok et demande l’avis de ses fans… Ils sont unanimes… et “I’m good” arrive très vite sur toutes les plateformes…

C’est carton plein : n°1 dans 22 pays, et six mois dans le top 10 de Spotify.

Vous avez compris le message : TikTok n’a pas très envie de partager son pactole, mais elle est devenue l’appli de prescription n°1 des ados.

C’est ça ce qu’elle veut faire comprendre aux patrons des maisons de disques : ok, TikTok ne leur donne pas autant d’argent qu’elles le voudraient… mais elle est leur meilleure rapporteuse d’affaire.

Franchement, ça serait dommage de se fâcher…

Radio France